Vous êtes ici : | b | Le développement de l'âme | Chapitre XIV : L’Initiation au temps actuel (1/3)

Le développement de l'âme

Alfred Percy Sinnett
© France-Spiritualités™






CHAPITRE XIV :
L'INITIATION AU TEMPS ACTUEL (1/3)

Si nous comprenons bien la portée de l'initiation dans l'ancienne Egypte et si nous la rattachons, dans une juste mesure, à cet aperçu général de l'évolution naturelle que la donnée ésotérique nous expose, la simple réflexion nous démontrera que le sentier de l'ancienne initiation est encore accessible aujourd'hui. Accessibles aussi, dans une certaine mesure, sont ceux de nos prédécesseurs qui, dès les premiers stades de l'évolution du monde, s'élevèrent au-dessus des lois qui gouvernent les incarnations périodiques de l'humanité ordinaire. Ils ont pu atteindre une condition d'existence plus haute se caractérisant, d'un côté, par une longévité considérable et, de l'autre, par une persistance plus extraordinaire encore des pouvoirs qui leur sont nécessaires pour fonctionner sur les plans élevés de la Nature. Ils n'en sont pas moins accessibles à nos recherches, non parmi la foule affairée qui encombre nos cités, mais dans de profondes retraites, où le véhicule physique, qui leur permet encore de prendre contact avec notre plan d'existence, se trouve à l'abri de la contagion magnétique qui se dégage des centres plus peuplés, et les rendrait incapables d'exercer les hautes fonctions spirituelles que comporte maintenant leur rang élevé dans la Nature.

      Au reste, de lois êtres sont dans des conditions d'existence si différentes de celles de l'humanité ordinaire qu'il serait plus juste de les considérer comme de grands esprits qui conserveraient, sur terre, un corps physique pour en faire usage dans des circonstances urgentes, que comme des êtres humains possédant le pouvoir de s'élever à certains états spirituels de la Nature. De plus, dans le long intervalle qui s'est écoulé depuis les anciennes initiations de la période égyptienne, de nombreux néophytes sont entrés dans le courant de l'évolution supérieure, en outre de ceux qui ont rejoint le sentier à cette époque reculée. Les occasions de se faire initier n'ont jamais fait défaut ; mais, après avoir jeté un dernier éclat en Grèce, les initiations étaient retombées dans l'oubli, et on en avait perdu la trace.

      Le caractère des épreuves a dû forcément se modifier graduellement, afin de s'adapter aux nécessités de l'époque ; car la race humaine, uniquement préoccupée des progrès de la science, négligeait temporairement toutes considérations d'un ordre plus élevé. Mais à aucune époque de l'histoire du monde, le sentier de l'initiation n'a été absolument fermé. Il a toujours été accessible à ceux dont les aspirations spirituelles d'une vie antérieure ont développé, dans les vies suivantes, ces facultés supérieures de vision de conscience que nous appelons aujourd'hui psychiques, et qui en sont les conséquences karmiques ; ce sont ces facultés qui leur ont facilité l'accès de la connaissance supérieure.

      L'homme qui veut entrer aujour hui dans la voie du développement occulte n'est plus obligé de se présenter dans un temple déterminé et de devenir le disciple d'un Hiérophante visible à tous ses fidèles. Il existe pour lui un temple intérieur auquel ses propres facultés psychiques (puisque, dans notre hypothèse, il en possède) lui donnent accès. C'est par ces moyens que la corporation des Adeptes initiés s'est maintenue jusqu'ici, quoique, en aucun temps peut-être, dans l'histoire de notre race, elle n'ait, été aussi peu nombreuse qu'aujourd'hui. Le cycle qui développe une grande activité dans le domaine des connaissances physiques, l'ère scientifique par excellence – en donnant au mot « science » l'acception limitée que nous lui donnons depuis peu – a pour corollaire forcé une période de stagnation spirituelle. Ces deux phases de progrès ne se nuisent pourtant en rien : avant d'atteindre à leur complet épanouissement, les plus hautes aptitudes scientifiques peuvent et, vers la fin, doivent s'unir à un grand développement spirituel. Mais les forces de l'évolution naturelle, considérées dans leur ensemble, provoquent à certaines époques une impulsion plus prononcée vers les sciences physiques ; tandis qu'en d'autres temps, cette impulsion reste latente, et les aspirations spirituelles reprennent l'avantage.

      Nous voici arrivés à ce fait important, qu'aujourd'hui comme jadis, quoique avec d'autres méthodes de développement, la voie de la haute perfection spirituelle est accessible à tous ceux qui y apportent les aptitudes requises jointes à d'ardentes aspirations ; et cette haute perfection spirituelle, au sens où nous l'entendons, comprend notamment la connaissance, le pouvoir et ce progrès que l'on accomplit comme un devoir. Le magnétisme, la clairvoyance, la transmission de pensée, le spiritisme, en un mot toutes ces petites manifestations d'un pouvoir anormal qui attirent aujourd'hui l'attention ne sont que l'écume d'une grande vague : elles dérivent de certaines lois naturelles des régions supérieures. Or, l'initiation permet à l'aspirant de pénétrer jusqu'aux sublimes mystères de ces régions, pourvu qu'il dirige ses efforts vers la bonne voie.

      Je pourrais dire, en quelque sorte, que l'initiation nous est aujourd'hui plus accessible que jamais, parce que les hautes autorités dirigeant les conditions de ce genre d'avancement ont compris la nécessité de rendre à tous la situation plus intelligible qu'elle ne le fut durant les douze siècles d'obscurité qui précédèrent le nôtre. Un grand progrès a été réalisé, vers ce but, par ce que nous pouvons appeler le mystère psychique, quoique la science physique officielle se soit refusée à le comprendre dans ce sens. Laissé à ses seules ressources, privé d'une direction intelligente, ce genre de développement risquait de prendre une tournure inquiétante pour le bonheur futur de la race humaine.

      Je l'ai dit plus d'une fois, le véritable progrès occulte s'accomplit en partie double par le développement d'une moralité très élevée, et par l'acquisition d'un savoir très approfondi ; sans ce double effort, l'homme actuel ne saurait évoluer jusqu'au règne supérieur de la Nature, règne presque divin, si nous le comparons au nôtre. Et cette évolution seule peut favoriser l'éclosion du savoir et des pouvoirs latents en la nature de l'homme. Mais il suffit déjà d'un développement moins complet pour conférer à l'humanité des pouvoirs surpassant celui de nos sens physiques. De même que la rosée du ciel descend sur le juste comme sur l'injuste, de même, en quelque sorte et dans une certaine limite, la connaissance est aussi accessible à l'être pervers qu'à l'homme de bien ; et lorsqu'elle est acquise par des hommes qui ne sentent pas suffisamment la grande responsabilité qui leur incombe, il peut en résulter, pour eux et pour les autres, de désastreuses conséquences. En résumé, la connaissance, acquise dans l'étude des sciences physiques, pourrait déterminer, lorsque ces sciences auront dépassé de beaucoup le niveau atteint pendant le XIXème siècle, certaines conditions d'existence où ceux qui posséderaient cette connaissance deviendraient ce que le monde du moyen-âge appelait des magiciens noirs. Le nom que nous leur donnons importe peu ; mais il est de fait que la connaissance théorique des profonds mystères de la Nature, en relation avec les forces spirituelles et psychiques, peut être acquise par des individus qui n'ont pas les mobiles élevés dont s'inspirent ceux qui l'obtiennent en suivant ce que les occultistes appellent la voie de droite.

      Aussi, le temps est-il venu où les progrès de la science rendent impossible, à tous les points de vue, le maintien de l'ancien système, qui entourait d'une réserve excessive les mystères de l'initiation. Tel est actuellement l'état des choses. Durant les longues périodes où la race humaine n'était douée que d'un développement bien imparfait, on a jugé plus sage, dans son propre intérêt, de lui laisser ignorer les forces terribles que la science occulte place au pouvoir de l'homme. Aujourd'hui, son intelligence grandissante le met en état d'apprécier la valeur de ces forces sans même recourir aux enseignements de l'initiation. Il devient alors opportun, pour ceux qui dirigent cet enseignement, de devancer l'expansion anormale des découvertes psychiques, pour les guider dans la voie qui leur a été préparée. Cette voie, c'est le développement théorique de la science spirituelle, qui mettra les hommes de toutes races en état de comprendre les horizons pleins d'espérance que la Nature réserve à cette sagesse suprême. Connaître la nature des forces qui agisseont sur les plans supérieurs de la Nature, et les employer à satisfaire des désirs égoïstes inspirés par les intérêts transitoires de ce monde, c'est ravaler notre humanité, c'est insulter à ses plus nobles attributs. La seule méthode rationnelle et progressive par laquelle l'humanité puisse atteindre son développement consiste à subordonner les conditions de l'existence physique aux intérêts spirituels, qui leur sont supérieurs. Si, au contraire, on intervertit le cours normal des forces et des pouvoirs appartenant au plan spirituel, pour les employer à des fins qui concernent le plan physique, cette opposition aux desseins de la Nature l'outrage dans ses plus hautes conceptions. Ce n'est plus un acte coupable et mauvais, à l'instar des péchés légers commis sur le plan physique, c'est, en réalité, l'essence même du mal, ce que les premiers théologiens appelaient pécher contre le Saint-Esprit, sans même prévoir jusqu'à quel point ils seraient mal compris.

      Nous sommes maintenant à même de nous rendre compte par quelle suite de circonstances les méthodes et systèmes d'initiation, dérobés pendant de si longs siècles à la connaissance des peuples, se révèlent aujourd'hui lentement et graduellement à une génération qui, au premier abord, semble singulièrement peu apte à ce genre d'enseignement. La plupart des hommes de notre époque sont, en effet, bien peu préparés à les recevoir, et il en sera de même, longtemps encore, des générations qui nous suivront. Mais, d'autre part, ceux qui nous ouvrent cette voie ne se sont jamais attendus à voir les hommes accourir en foule vers eux, et leur fournir de nombreux prosélytes.

      Tout ce qu'ils peuvent espérer et même désirer, c'est de trouver des élèves persévérants parmi ceux qu'un ardent désir de science et d'expérience spirituelle a déjà détournés des plaisirs et des ambitions de la vie courante. Mais le petit nombre d'hommes qui s'engageraient dans cette voie épuiseraient en songes creux, en essais infructueux, l'ardeur de leur dévouement, si les possibilités de la situation n'étaient pas généralement connues, et l'évolution resterait stationnaire.

      Il faut nous souvenir que ce vaste plan, comme les premiers chapitres de ce livre l'ont déjà expliqué, ne consiste pas uniquement dans la perpétuation de l'espèce humaine, mais aussi dans son évolution vers des conditions d'existence supérieures. On constate assurément que la Nature répand à profusion, sur la surface du globe, ces innombrables unités de conscience différenciées que nous appelons hommes et femmes ; ce sont autant de germes qui donneront naissance, ultérieurement, peut-être à des êtres spirituels d'un caractère infiniment plus élevé. Mais, tandis qu'elle se montre si prodigue de semences dans les organisations inférieures, elle considère le germe humain tout autrement que celui du chêne. Le gland, en effet, s'il n'a pas germé, peut se résoudre en ses éléments constitutifs, sans avoir à souffrir de n'être pas devenu chêne. Rien n'est perdu dans ce cas, sinon la peine que la Nature a prise de produire ce gland. Mais l'être humain, dans son aspect supérieur, peut être vraiment considéré comme le germe de quelque chose d'infiniment plus grand : il possède déjà en lui un foyer de conscience divine qui subsistera pendant un temps incalculable, noyau vibrant de souffrance ou de joie. Qu'il veuille ou non s'unir consciemment au grand but de la Nature pour y coopérer, ses destinées diffèreront entièrement, en l'espèce, de celles d'une semence végétale, qui se désagrège et disparaît lorsqu'elle n'a pu atteindre son parfait développement.

      Nous avons déjà démontré que l'homme ne peut parvenir au but final de son existence que par l'union consciente de sa volonté avec les pouvoirs et les forces de la Nature qui agissent en lui. En conséquence, s'il désire progresser dans le système d'évolution universelle, infiniment plus complexe que ce qu'on appelle quelquefois le système de la création, son avancement doit dépondre, au stade actuel de notre développement terrestre, d'une connaissance exacte des efforts nécessaires pour réaliser l'union consciente dont nous parlions plus haut. En d'autres termes, il devra un jour ou l'autre en arriver à cette initiation qui forme l'objet actuel de notre étude.

      Cette conception qui semble remettre les destinées d'un homme entre les mains de ses semblables, si avancés soient-ils en sagesse et en pouvoir spirituel, peut, au premier abord, froisser les idées de quelques-uns d'entre nous ; la plupart des gens, en effet, lorsqu'ils envisagent l'existence à venir, sont élevés dans la croyance que le meilleur parti à prendre est de vivre, ici-bas, dans un juste discernement du bien et du mal, et, quant au reste, de s'en confier aveuglément à la miséricorde de Dieu. Mais, si l'on analyse intelligemment notre exposé, on verra qu'il ne s'y oppose nullement. Nous soumettons, au contraire, ce grand problème aux conclusions de l'expérience acquise dans les conditions de la vie que nous connaissons, et il en est de même de tous les problèmes moins importants.

      Celui qui veut récolter de bons fruits sur un pommier sauvage ne se livre pas à une douce quiétude, à une confiance pieuse en la bonté de cette puissance qui dirige le développement du règne végétal comme celui de l'évolution humaine. Cet homme sait que les pouvoirs de la Nature lui viendront en aide s'il travaille conformément à ses lois. Il étudie alors ce qu'on en peut connaître avec d'autres hommes qui les ont observées avant lui et, appliquant ses connaissances au but qu'il se propose, il réussit à améliorer son fruit.

      Je pense que tous les doutes à ce sujet se dissiperont d'eux-mêmes, le jour où la situation sera un peu mieux comprise. L'existence d'êtres humains infiniment plus avancés que leurs contemporains et restant cependant en relation avec notre terre sera reconnue comme une nécessité métaphysique, par tous les esprits lucides qui aborderont ce sujet.




Site et boutique déposés auprès de Copyrightfrance.com - Toute reproduction interdite
© 2000-2024  LB
Tous droits réservés - Reproduction intégrale ou partielle interdite

Taille des
caractères

Interlignes

Cambria


Mot de passe oublié
Créer un compte